Pour Phinia, la décarbonation de l’automobile passe par l’hydrogène

Phinia expérimente la technologie hydrogène depuis 2021 sur certains véhicules.

Publié : 12 septembre 2024 à 11h47 par Nicolas Terrien

L’entreprise Phinia, dont le centre de recherche est basé à Blois peaufine sa technologie pour substituer l’hydrogène aux combustions diesel et essence dans la fabrication de ses systèmes d’injection. L’objectif ? Être prêt lorsque les marchés le seront !

Quand Phinia va bien, le blaisois va bien ! Et pour cause, le site du boulevard de l’Industrie emploie 900 personnes, ce qui en fait le premier employeur privé en Loir-et-Cher. De plus, l’entreprise se confond avec l’histoire industrielle de Blois, au gré de ses changements de nom. De Rotodiesel dans les années 50 en passant par Lucas, puis Delphi, Borg Warner pour Phinia aujourd’hui, l’usine reste liée au développement du diesel. "Pour autant, le diesel n’est pas mort" assure l’actuel directeur des lieux, Marc Landier. D’ailleurs, les injecteurs thermiques sortants des chaînes blésoises représentent encore 90% de la production totale : "Les marchés américains et asiatiques restent sur ces technologies" poursuit-il, alors que seule l’Europe souhaite leur fin aux horizons 2035, puis 2050.

Ecoutez le reportage de Nicolas Terrien :
Phinia développe un nouveau système d'injection par hydrogène pour les moteurs automobiles.

L'hydrogène, une technologie "mature"

Mais un marché reste un marché, et pas question de rester au bord de la route : "Depuis 2021, nous travaillons à développer un injecteur à hydrogène qui permettrait de réutiliser les moteurs de véhicules", soit un bel exemple de rétrofitage selon Marc Landier. Et d’autres sous-traitants automobiles du Centre-Val-de-Loire sont lancés dans la même démarche avec Phinia, comme Caillau à Romorantin-Lanthenay, Duncha à Blois et John Deere à Saran, jusqu’au laboratoire Prisme de l’université d’Orléans. Le but : proposer des solutions de transition vers l’hydrogène. "Nous avons conçu deux fourgons qui expérimentent avec succès cette technique" expose Jean-Luc Béduneau. "C’est une technologie aujourd’hui très mature, et elle est quasiment opérationnelle" assure le directeur de l’innovation de Phinia.

Jean-Luc Béduneau au micro de Nicolas Terrien :
400 personnes travaillent sur le centre technique de Phinia Blois.

Le site de Blois conforté

Mais Phinia reste tributaire des marchés. Selon Marc Landier, "les constructeurs sont intéressés, et tout le monde va y aller". Reste à savoir à quelle échéance. De plus, il faut que l’écosystème se mette en place, avec notamment le déploiement de pompes à hydrogène afin que les automobilistes puissent se ravitailler. Il y a aussi l’épineuse question des normes qui devra être prise en compte. En tout cas, Phinia se dit prêt, notamment à travers son "technical center" blésois qui emploie 400 personnes sur les 900 salariés. "Cela conforte le site de Blois dans la galaxie Phinia" assure le directeur. Une perspective de maintien rassurante en Loir-et-Cher, alors que le groupe américain est implanté sur 44 sites dans 28 pays, et fait travailler 13 000 personnes de par le monde.