Le chiffre est impressionnant : entre 2014 et 2020, le département de l'Orne a "perdu" 9 200 habitants selon les données du recensement que vient de publier l'INSEE. Comme si l'on avait rayé de la carte les villes de Sées et de Mortagne-au-Perche ! Et rien ne dit encore que les Parisiens venus démarrer une nouvelle vie dans les vertes prairies du sud normand suite aux confinements liés à la crise sanitaire aient permis, depuis, de compenser cette "déprise démographique" comme la nomme l'Institut national de la statistique. Dans la région, la Manche, autre département mal en point sur ce plan, perd aussi beaucoup de monde, mais avec un déficit de 5 000 citoyens, c'est tout de même presque deux fois moins important qu'en terre ornaise.

Le Calvados, deuxième département le plus peuplé

Suivant une dynamique inverse à celle des voisins ornais, le Calvados voit en revanche sa population progresser en moyenne annuelle de 0,2% : ce sont 1 070 nouveaux habitants chaque année entre 2014 et 2020, ce qui fait de ce département, avec 697 547 personnes officiellement enregistrées, le deuxième plus peuplé de Normandie. "Cet accroissement est cependant deux fois plus lent que lors de la période 2009-2014 où l'on comptabilisait 2 150 habitants supplémentaires par an" nuance l'INSEE, en précisant que "la population de Caen, qui a augmenté de 120 personnes par an en moyenne, s’établit désormais à 107 250 habitants, toujours au troisième rang des communes normandes, derrière Le Havre et Rouen".

La périphérie d'Evreux s'est étoffée

Dans l’Eure, "les soldes naturel et migratoire s’équilibrent et la population stagne" indique-t-on : avec environ 200 habitants de plus par an entre 2014 et 2020, le département affiche, au 1er janvier 2020, une population totale de 599 668 personnes. Le chef-lieu, Evreux, a reculé de 432 habitants par an sur la période quand sa périphérie, elle, s'est étoffée : 42 habitants supplémentaires annuellement à Grossoeuvre, 77 à Guichainville. Bénéficiant sans doute du dynamisme rouennais, Bourg-Achard a gagné 89 habitants par an. Pont-Audemer a perdu 130 habitants par an ; Verneuil-sur-Avre en a perdu 97. Gisors en a gagné annuellement 82, Louviers en a gagné 64 et Vernon, 18.

Rouen gagne des habitants, Le Havre en perd

La Seine-Maritime reste, et de loin, le département le plus peuplé de Normandie : avec 1 254 739 habitants, le territoire se classe au seizième rang national de par sa population. Plus en détail, on remarque que Le Havre, certes toujours première commune seinomarine par son poids démographique, a néanmoins vu son dépeuplement s'accélérer entre 2014 et 2020 en perdant 1 163 habitants chaque année tandis que Rouen s'est renforcé sur la même période en gagnant 595 habitants annuellement, soit un total de 114 187 personnes. La banlieue rouennaise est, par ailleurs, "très dynamique" selon l'INSEE : Isneauville a gagné 151 habitants à l'année en moyenne ; 95 à Boos ; 91 à Saint-Jacques-sur-Darnétal.

Un peu plus de trois millions de Normands

Au 1er janvier 2020, la population normande s’élevait à 3 325 522 habitants, soit le dixième rang des treize régions métropolitaines. "Entre 2014 et 2020, la population régionale a diminué d’un peu plus de 10 000 habitants (-0,3%), baisse qui ne s’inscrit pas dans la tendance nationale puisque, dans le même temps, la population française a progressé de près de 2%" note l'INSEE, qui relativise la "contre-performance" normande : toutes les régions limitrophes de l’Île-de-France, comme la Normandie donc, voient leur population "diminuer ou ne progresser que très modestement" au terme de ce recensement 2014-2020. Reste à voir si la crise sanitaire et la vague supposée de déménagements viendront chambouler le tableau.