Romorantin-Lanthenay : l'actualité de -et par- Jeanny Lorgeoux
14 janvier 2022 à 11h40 par Nicolas Terrien
Jeanny Lorgeoux, maire de Romorantin-Lanthenay et président de la communauté de communes du Romorantinais et du Monestois, évoque les projets du territoire en ce début 2022. Mais aussi l'élection présidentielle, la politique locale et... l’affaire des frais de bouche.
Sweet FM : Comment votre collectivité traverse-t-elle ce pic de la cinquième vague de Covid-19 ?
Jeanny Lorgeoux : Avec sérieux et méthode. J’ai demandé à mon adjoint Philippe Seguin, ancien colonel du SDIS, de mettre la Fabrique Normant à disposition du vaccinodrome. Nous y mobilisons un maximum de moyens en liaison étroite avec l’Etat, compte-tenu de l’importance de ce centre pour le sud du Loir-et-Cher. Il s’agit de la santé de tous, c‘est donc capital. L’implication des collectivités est fondamentales dans ce cadre, pour un maximum d’efficacité.
Quels sont les projets qui ont marqué l’année 2021 sur le Romorantinais ?
Avec le Val de Cher-Controis et le Pays de la Vallée du Cher et du Romorantinais, nous sommes engagés sur le Cher à vélo. Le projet commence à se déployer, même si c’est plus long que prévu. Au niveau des études et des financements agrégés. Il y a aussi la fin du déploiement de la fibre sous l’égide du département et de la région qui nous fera entrer de plain-pied dans la modernité. Sur la ville de Romorantin-Lanthenay, nous avons vu s’ouvrir avec beaucoup de plaisir le Ciné-Sologne. Nous mettons en chantier aussi le plan de rénovation urbaine du quartier des Favignolles, avec notamment le réseau scolaire Voltaire, en lien avec l’Etat.
Des projets qui trouveront une continuité en 2022...
En 2022, notre grosse affaire sera la construction du complexe scolaire à Saint-Marc, avec notamment la salle des fêtes que nous transformerons en salle de motricité. Ce sera six millions d’euros sur trois ans. Au nord de la ville, il y a encore des projets de pavillons communautaires. D’ailleurs, je note avec plaisir que Romorantin-Lanthenay conforte sa place de deuxième ville du département avec une population en croissance, comme je l’ai toujours expliqué alors que des Cassandre disaient que Romorantin, c’était le déclin.
Justement, est-ce que la constitution d’une communauté d’agglomération autour de Romorantin reste d’actualité ?
Je l’ai toujours dit. Avec mon équipe, nous restons largement ouverts, notamment à l’est avec la communauté de Salbris qui se débat dans des difficultés politiques et financières. Il faut qu’elle prenne son temps. A l’ouest, nous avons un dialogue naturel, constructif, constant et pragmatique avec le Val de Cher-Controis. Là-aussi, le jour où nos amis voudront passer à une autre étape, nous serons ouverts.
Au chapitre politique, le Loir-et-Cher a connu à l’été 2021 quelques soubresauts à la suite des élections départementales. Deux conseillers départementaux qui vous sont proches ont rejoint la majorité de la droite et du centre. Quel est votre regard sur ces six derniers mois ?
Sur ce sujet, certains veulent me coller une responsabilité qui n’est pas la mienne. Ma directrice de cabinet (Tania André, ndlr) a été élue par le peuple, ainsi que mon ami Bruno Harnois (également maire-adjoint de Romorantin, ndlr). Tous deux représentent les intérêts de notre canton pour développer des politiques en lien avec la politique départementale. Je crois comprendre qu’ils n’y font pas de politique partisane. Ceux qui les dénoncent comme des traitres ou je ne sais quoi sont dans l’erreur la plus complète, et ils feraient bien de battre leur coulpe.
Quelque part, est-ce que Romorantin se retrouve garant de la stabilité de la majorité au Conseil départemental...
(Il coupe) Attendez ! Vous posez la question dans de mauvais termes. J’explique que mes amis sont là pour représenter Romorantin-Lanthenay. Ils ont choisi cette équipe, et ce n’est pas moi qui leur ai dicté leur choix. Contrairement à ce que l’on dit, je ne suis pas un dictateur, et je ne donne pas d’ordre à mes amis qui travaillent avec moi tous les jours. Est-ce que les choses sont claires ? Maintenant, si vous me posez une question politique, j’ai des gens de gauche dans mon équipe, et je le reste moi-même. J’ai aussi des centristes et des gens de la droite modérée. A la mairie de Romorantin, c’est Romorantin qui compte. La tolérance est au cœur même de ma gouvernance. A la présidentielle, certains voteront à gauche, d’autres à droite... Moi, je voterai pour Emmanuel Macron.
Pourquoi Emmanuel Macron ?
On peut ne pas être d’accord avec certaines politiques menées, mais je voterai pour lui déjà pour empêcher l’extrême-droite d’arriver au pouvoir en France. Le seul en mesure de pouvoir l’empêcher, c’est lui. De plus, je suis proche de Jean-Yves Le Drian, poussé dehors par l’appareil socialiste. De plus, Emmanuel Macron a conforté et développé les crédits en faveur de la défense nationale (Au Sénat, Jeanny Lorgeoux a été rapporteur de la commission sur le sujet, ndlr).
Des législatives suivront. Comment comptez-vous vous impliquer dans ce scrutin ?
Mon camp, c’est celui de la République. Je ne sais pas encore qui sera candidat. Qui portera les couleurs de la macronie ? J’imagine que les négociations vont être complexes, sachant que le Modem avait un peu préempté la circonscription. A Blois, je pense que le ministre Marc Fesneau va se représenter. A Vendôme, je n’en sais rien. Sur Romorantin, il y a plusieurs candidats possibles. Moi, j’ai été député et sénateur. J’ai 72 ans et je viens d’avoir un infarctus. J’ai dit que je ne me représenterai pas, donc, je ne me représenterai pas. Mais je participerai à ce débat fondamental en tant que citoyen.
Guillaume Peltier, le député de votre circonscription, vient de rallier Éric Zemmour. Quelle réaction cela vous inspire ?
Je le regrette. Je lui ai clairement dis que je ne partageais absolument pas sa stratégie. Je suis de gauche modérée. Le camp qu’il a choisi est à l’opposé du mien, politiquement et historiquement. En revanche, je dois dire que Guillaume Peltier m’a toujours respecté, comme j’ai respecté le député élu par le peuple. Nos relations sont donc cordiales, mais je reste un social-démocrate humaniste.
Pour finir Jeanny Lorgeoux, l’année 2021 a été marquée pour vous par les révélations de Mediapart autour de vos frais de bouche au Lion d’Or...
J’ai appris que c’est Monsieur Louis de Redon* qui a obtenu ces factures auprès de la DGFIP qui ne pouvait pas refuser. Et comme par hasard, tout ça s’est retrouvé chez Mediapart, deux mois avant les élections départementales. Mal lui en a pris ! En attendant je ne suis pas inquiet. Une enquête préliminaire a été ouverte par le procureur de la République. Je n’ai pas connaissance des premières conclusions. Mais je collaborerai avec la police judiciaire de Tours qui a été saisie. Il ne s’agit pas de "frais de bouche", comme certains essayent de le dire, mais de frais liées aux Journées gastronomiques de Sologne. Un événement lors duquel nous honorons la gastronomie, et nous bénéficions à Romorantin de ce "Relais & Château" qui est un emblème et nous l’utilisons. D’autre part, il y a eu les accueils de délégations de nos villes jumelles. Nous recevons avec hospitalité nos amis étrangers, comme la France l’a toujours fait. C’est notre politique.
*Joint par nos soins, Louis de Redon conteste ces propos : "Que le maire s’occupe de sa ville qui va mal au lieu de se défausser sur son opposition par des propos calomnieux".