Décédé en 2023, Philippe Bouvatier est passé tout proche de la consécration. Coureur doté d'un important palmarès en amateur, il a touché du doigt le graal chez les professionnels, à savoir une victoire lors de la 14e étape du Tour de France 1988. Mais le destin en a décidé autrement : "Il y avait une vingtaine de coureurs ce jour-là dans l'échappée. Arrivé à la dernière difficulté qui était la montée vers Guzet-Neige, ils n'étaient plus que trois. Philippe, à peu près à 500 mètres de l'arrivée, a placé un démarrage, les deux ont lâché, il était certain de gagner et puis malheureusement au moment d'un virage, une déviation pour les voitures suiveuses, un commissaire s'est peut-être un petit peu affolé, et l'a envoyé vers le parking des voitures suiveuses au lieu de l'envoyer vers la ligne d'arrivée. Résultat, au lieu de gagner, il a terminé troisième" raconte Jean-Pierre Lecoffre auteur de l'ouvrage "Le champion cycliste normand : Philippe Bouvatier", sorti il y a quelques mois.

Une plaie pas refermée

Philippe Bouvatier s'est résolu à accepter ce fait de course, sans pour autant l'oublier. La blessure d'être passé aussi près d'un succès sur la "grande boucle" ne s'est sans doute jamais refermée, estime Jean-Pierre Lecoffre : "Il m'a dit que finalement ça lui avait fait sa gloire, que c'était un événement de course et qu'il fallait faire avec, mais il ne le pensait pas. C'était sa version mais pour en avoir aussi un peu parlé avec sa sœur, en fait, il cachait sa déception. Il a été très très marqué par cette défaite qui aurait certainement changé le cours de sa carrière". L'année suivante, Philippe Bouvatier est éliminé après avoir terminé une étape hors-délai. Il se retire finalement du peloton en 1995, après le dépôt de bilan de son équipe "Le Groupement", quelques jours seulement avant le début... du Tour de France. Chaque année, au mois d'avril, une cyclo rando organisée à Bosc-Guérard-Saint-Adrien rend hommage à Philippe Bouvatier.