Trente ans d’innovation verte à Chaumont-sur-Loire
9 mai 2022 à 8h47 par Nicolas Terrien
C’est l’édition du 30e anniversaire pour le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire, toujours à la recherche du "jardin idéal". Entretien avec la gardienne des lieux depuis quinze ans, Chantal Colleu-Dumont.
Sweet FM : trente ans après le premier festival initié par Jean-Paul Pigeat, que représente aujourd'hui le festival de Chaumont-sur-Loire chez les amoureux de jardins et de nature ?
Chantal Colleu-Dumont : Chaumont a été reconnu très tôt, car Jean-Paul Pigeat avait déjà une volonté de présence internationale forte. Mais avec les années, je pense que la réputation de ce festival s’est considérablement accrue, car il y a de plus en plus de jardins, et de plus en plus d’équipes étrangères. De par les sollicitations que reçoit Chaumont de par le monde, nous constatons que la puissance symbolique de ce concours et de ce lieu d’invention que nous sommes est très forte. C’est vrai que lorsqu’on habite juste à côté, on ne s’en rend pas compte. Cette année, nous accueillons Inch Lim, un grand paysagiste venu de Malaisie qui a gagné des prix partout dans le monde. Nous accueillons aussi Kathryn Gustafson, la grande paysagiste américaine, ainsi que Jean Mus... Que tous aient accepté de venir cette année montre vraiment le rayonnement national et international de Chaumont-sur-Loire.
En Trente ans, le monde a évolué, notamment sur les questions liées à l’environnement et au réchauffement climatique. Comment le Domaine de Chaumont a-t-il suivi ces mutations profondes?
Ces sujets sont beaucoup plus présents dans les esprits qu’il y a une quinzaine d’années. C’est pour cela que nous avons choisi des thématiques comme "la biodiversité heureuse", "le bio-mimétisme au jardin" ou "Jardins de la Terre, retour à la Terre mère"... Pour nous, il est très important d’être en phase avec les préoccupations de nos sociétés. C’est pour ça que nous avons parlé des "jardins thérapeutiques", des "jardins, corps et âme", parce que le jardin nous soigne aussi ! Parfois, nous devançons même ces grandes problématiques. Il y a dix ans, on ne parlait pas de biodiversité dans le grand public.
Au bout de trente ans, vous recherchez encore le "Jardin idéal" à Chaumont-sur-Loire ?
Oui, car du haut de cet âge mur, c’était le moment d’essayer de savoir quel doit -ou quel peut être- le jardin idéal. A Chaumont, nous pensons qu’il faut qu’il soit esthétique, qu’il soit de création... C’est certainement aussi un jardin nourricier, un jardin thérapeutique, un jardin écologique évidemment. Le jardin idéal, c’est celui qui réunit toutes ces qualités, et les réponses qui nous ont été données par les concepteurs sont extrêmement diverses et intéressantes.
Comment imaginez-vous Chaumont dans trente ans ?
Nous avons déjà commencé à travailler sur l’avenir de Chaumont-sur-Loire. Nous ne sommes pas que dans la rétrospective, mais aussi dans la prospective. Nous avons déjà cet hôtel qui ouvrira en juin ("Le Bois des Chambres" à 300 mètres du Domaine, ndlr). Ce ne sera pas un hôtel comme un autre. Ce sera aussi un lieu de réflexion dans le prolongement de Chaumont-sur-Loire. Des rencontres s’y dérouleront, avec des artistes, des paysagistes, des spécialistes de l’environnement. Nous allons faire se rencontrer des gens dans des conditions très intimes, car ici, nous pourrons prendre le temps long de la rencontre et de la réflexion. Cet hôtel sera un des éléments de développement de Chaumont. Mais nous aurons d’autres projets à vous présenter dans les années à venir.