Urgences hospitalières au Mans : "pire que les asiles du siècle dernier !"

Au Mans, l'accès aux urgences

Publié : 28 février 2024 à 18h45 par Emilien Borderie

Une intersyndicale CGT, FO et CFDT appelle à un rassemblement de l'ensemble des personnels affectés au service des urgences de l'hôpital du Mans ce jeudi 29 février. L'écart entre l'afflux d'usagers en Sarthe et les moyens disponibles sur le territoire pose semble-t-il de sérieux problèmes.

"Chaque jour, on comptabilise une vingtaine de patients de la filière psychiatrique qui restent aux urgences du Mans faute de lit d’hospitalisation. Ils y restent plusieurs jours, parfois plus de deux semaines. La majorité y sont privés de leur liberté, certains restent même attachés sur des brancards pendant plusieurs jours, en dehors de tout cadre réglementaire. Cette attente se fait dans des conditions indignes, dans des couloirs ou dans des salles d’attente, sans aucune intimité, sans douche ni toilettes, sans possibilité de recevoir de la visite. Des patients doivent dormir sur des chaises, d’autres sur des matelas à même le sol ce qui est absolument scandaleux pour des patients dont la santé mentale est atteinte" décrit, dans communiqué, l'intersyndicale CGT, FO, CFDT du centre hospitalier du Mans, assurant que "même les asiles du siècle précédent n’avaient pas connu une telle situation !" et exigeant donc "des réponses aux besoins d’accueil, à toutes les souffrances psychiques des plus graves aux plus bénignes, pour l’ensemble de la population de la Sarthe".

Des cas de violences à l'encontre du personnel

Au delà des fermetures récurrentes touchant les urgences des hôpitaux secondaires, de La Ferté-Bernard ou du Bailleul notamment, qui alourdissent le "fardeau" du centre hospitalier du Mans, les syndicats pointent donc aussi la dégradation de l'offre de soins en psychiatrie : "Le manque de lits d’aval sur la filière psychiatrique liés aux fermetures massives de lits d’hospitalisations, le recours au virage ambulatoire et le manque de personnel médical et non médical ayant entraîné des fermetures de lits sur l’EPSM de la Sarthe comme à l’échelle de la région ont un impact direct sur les urgences du centre hospitalier du Mans. Aujourd’hui, ces dernières doivent prendre en charge l’équivalent d’une unité d’hospitalisation au sein de leurs locaux jonglant en parallèle avec le flux de patients entrants".  Et, histoire de noircir un peu plus le tableau, "les professionnels voient également leurs conditions de travail se dégrader avec notamment une hausse des actes de violence envers les soignants engendrant des accidents, des arrêts de travail voire des fuites de personnels" assure-t-on.

Un appel lancé aux soignants comme aux usagers

Face à "une situation qui n’est plus un épiphénomène mais qui s’inscrit bel et bien dans la durée" et alors que "la bonne réalisation de la mission première est d'autant plus mise mise en péril que les urgences du centre hospitalier du Mans sont les dernières du département à fonctionner 24 heures sur 24 et sept jours sur sept", les syndicats appellent "tous les professionnels mais ausssi tous les usagers à venir soutenir le mouvement" à partir de 14h30 devant l'hôpital ce jeudi 29 février : "Pour les professionnels du service d'accueil des urgences que sont les médecins, les cadres de santé, les infirmiers, les aides-soignants, les secrétaires ou encore les agents d’entretien, la situation n’est plus acceptable et ce malgré leur engagement sans faille. Ils refusent unanimement de banaliser de tels faits" concluent les représentants FO, CGT et CFDT.